Le bassin de l’Adour ouvert sur l’océan et adossé aux Pyrénées, subit de grosses perturbations océaniques en toute saison. La chaîne pyrénéenne modére les crues hivernales mais accélére en été le régime torrentiel de ses cours d’eau en particulier dans les coteaux du Pays basque et du Béarn. Si l'’eau d’inondation en se décantant dépose sur le sol des engrais naturels bien appréciés dans certaines zones, la crue de printemps peut détruire environ 1.000 hectares ensemencés.

L'irrigation du bassin

  • Besoins importants
    L’irrigation dans le Bassin de l’Adour est essentielle pour l’agriculture, activité dont les besoins en eau sont les plus importants. L’irrigation représente 55 % des prélèvements en eau du Bassin de l’Adour et 90% des consommations estivales. Les superficies irriguées autorisées sont estimées à plus de 170 000 hectares desservies par plus de 16 800 points prélevant l’eau dans les rivières, les nappes souterraines ou les ouvrages de stockages.
    Les autorisations de prélèvements d’eau à usage agricole sont des autorisations saisonnières. Les seuils d’autorisation diffèrent selon que l’on se situe en zone de répartition des eaux ou hors zone. Les zones de répartition des eaux se caractérisent par de fréquents déséquilibres entre la demande et la ressource en eau. Plus de la moitié du bassin de l’Adour est classée en « zone de répartition des eaux ».Culture du kiwi de l'Adour
  • Développement de l’irrigation
    Le développement de l’irrigation s'est considérablement développé depuis 1980 comme en témoigne les nombreux travaux que nous avons pu voir dans le bassin.
    • Avant 1980: L’irrigation progresse dans les secteurs d’accès facile à la ressource, à partir des nappes souterraines dans le nord des Landes, de l'Adour et ses canaux de dérivation dans la Haute Vallée de l’Adour au profit de la maïsiculture ou des zones d’irrigation traditionnelle.
    • À partir de 1980: d’un point de vue écologique, elles se caractérisent par une grande richesse biologique, tant floristique que faunistique et une production primaire importante ;
    • 1986 à 1990: Les sécheresses nécessitent la création des ouvrages de soutien d’étiage. (Action d'augmenter le débit d'un cours d'eau en période de plus bas débit).
    • Depuis 1993: Une meilleure maîtrise de l’eau et un renforcement de l’irrigation des coteaux, la mise en service de réservoirs de soutien et la restructuration de la distribution, ainsi que l’irrigation par aspersion remplaçant l’irrigation traditionnelle par submersion réduit la pression sur la ressource en eau.
    • la conservation des saligues passe par le maintien de zones de divagation de la rivière.
  • Une gestion collective par sous‐bassin
    Tous les prélèvements destinés à l’irrigation sont concernés quel que soit le type de milieu : rivières, stockages, nappes. 14 unités de gestion sont délimitées sur le bassin de l’Adour, couvrant la zone de répartition des eaux. Un volume « prélevable » sera défini par unité de gestion et réparti entre les différents irrigants. Ce volume fera l’objet d’une demande d’autorisation pluriannuelle qui sera délivrée par les services de l’Etat.
Exemple de retenue collinaire destinée au soutien d'étiage : Le GABAS
Lac de Gabas

Principaux secteurs d’irrigation

La répartition par types de milieu, a été estimée en tenant compte des définitions suivantes :
  • Rivières réalimentées :
    Rivières soutenues par des ouvrages de stockages, qu’il s’agisse d’ouvrages sous maîtrise d’ouvrage Institution Adour (réservoirs de soutien d’étiage) ou de certains réservoirs collectifs d’irrigation. L'Adour n'est considérée comme réalimentée que dans sa partie landaise entre Aire‐sur‐Adour et Audon.
  • Nappes alluviales:
    Elles concernent les nappes alluviales des cours d'eau : Adour, Gaves, Luys.
  • Autres nappes :
    Nappes alluviales des terrasses anciennes et récentes, nappe des sables, nappes profondes et semi‐profondes.
  • Réservoirs :
    Prélèvements directs dans un réservoir de soutien d’étiage, un réservoir collectif d’irrigation, un réservoir individuel d’irrigation.
  • Vallée de l’Adour :
    Irrigation ancienne à partir de ressources superficielles, le fleuve ou sa nappe alluviale.
  • Haute plaine de l’Adour :
    En amont de la confluence avec l’Arros, les dérivations de l’Adour et de l’Echez desservent la vallée, la multiplication de puits sur la nappe alluviale, ont favorisé très tôt la pratique de l’irrigation.
  • Vallée moyenne de l’Adour :
    L'irrigation est alimentée principalement par les rivières et localement par des nappes souterraines sous-jacentes, la nappe alluviale étant moins productive.
  • Aval de l'Adour :
    L’irrigation sollicite surtout les nappes souterraines affleurantes.
  • Les sables landais :
    La spécificités absorptive des sables nécessite un taux d’irrigation important mais la ressource en nappes est abondante.
  • Haute Lande :
    L'importance des eaux souterraines a permis très tôt le développement de l’irrigation individuelle pour la maïsiculture.
  • Le Marsan :
    Avec peu de ressources souterraines, l’agriculture a augmenté ses capacités d’eau stockées l’hiver...

Particularités

  • Landes
    Près de la moitié de l’irrigation du Bassin de l’Adour est localisée dans le département des Landes avec plus de 80 000 hectares de surfaces irriguées autorisées et un volume de prélèvement de plus de de 160 millions de m3. L’irrigation est présente sur l’ensemble du département. Les eaux souterraines, abondantes et diversifiées dans ce département, sont fortement utilisées pour l’irrigation (46%), en particulier dans la partie nord du bassin. La nappe alluviale de l’Adour y est, comparativement aux départements du Gers et des Hautes‐Pyrénées, faiblement utilisée (seulement 3% des prélèvements en eaux souterraines).
    Les rivières pour leur part desservent 35% des irrigations, localisées pour l’essentiel sur l’axe Adour (25% des prélèvements en rivières), les affluents rive gauche de l’Adour Bahus, Gabas, Luys, Louts (20% des prélèvements en rivières) et la Midouze, Midou et Douze (13% des prélèvements en rivières). Les cours d’eau utilisés sont pour moitié réalimentés par des ouvrages de stockages (51%).
  • Béarn, Pays Basque
    La réalisation de stockages a fortement contribué au développement de l’irrigation sur les coteaux béarnais et basques. On estime que 32% des irrigations du département sont alimentées par des retenues individuelles ou collectives. Si l’on ajoute à ce chiffre, l’irrigation à partir des rivières réalimentées c’est 66% de l’irrigation du département qui dépend de la mobilisation de ressource. L’irrigation collective occupe une place importante. Elle concerne 64% des surfaces irriguées du département et est développée sur la zone de coteaux desservie par des ouvrages de stockages collectifs.
  • Gers, Hautes‐Pyrénées
    Ces deux départements possèdent une superficie irriguée équivalente d'un peu plus de 26 000 ha chacun soit un volume de prélèvement de plus de 100 millions de m3 à eux deux.
    La ressource en eau utilisée varie entre ces deux départements : prépondérance de ressources récentes venant des stockages dans le Gers (35% des irrigations à partir de réservoirs et 38% à partir de rivières réalimentées) ; utilisation traditionnelle de la nappe alluviale de l’Adour (42% des irrigations) et de ses canaux de dérivation dans les Hautes-Pyrénées.
L'irrigation assure la sécurité alimentaire à moyen terme.

 

L’agriculture représente souvent la principale source de la pollution de l’eau, devant l’industrie ou les rejets urbains avec en particulier les déchets animaux.
Culture ou élevage sont sources de pollution des eaux lorsque la capacité de prélèvement des végétaux et l'épuration naturelle des sols sont insuffisantes.
Différents phénomènes sont en cause :
  • Le lessivage et l'érosion, dans les parcelles cultivées, des fertilisants épandus (effluents d'élevage et engrais de synthèse) et des produits phytosanitaires destinés à lutter contre les insectes, maladies et plantes adventices,
  • non étanchéité des bâtiments d'élevage (fosse à purin, à lisier, effluents issus du lavage des installations...)

Brebis

Les polluants agricoles

  • Le phosphore
    Issu des effluents d'élevage et des engrais de synthèse, il se fixe sur le sol puis est entraîné vers les cours d'eau par ruissellement. Les nappes souterraines ne sont pas atteintes par cette pollution.
  • L'azote
    Naturellement présent dans le sol mais insuffisant pour les besoins des cultures il est complété par des fertilisants organiques (effluents d'élevage) ou minéraux (engrais de synthèse).
    Les apports exédentaires, en raison des besoins momentannés des plantes ou de la libération décalée de l'azote par le sol, sont très facilement lessivés et du fait de la forte solubilité des nitrates, cet azote infiltre les eaux souterraines ou superficielles dans les régions de culture de céréales ou d'élevages intensifs.
  • Rejets de l'élevage
    Ils sont dus pour les deux tiers aux bovins répartis sur les quatres départements. Les rejets ovins (zone de montagne, en Soule) et les rejets de volailles (coteaux landais et gersois en particulier) représentent le reste, les rejets de porcins (Surtout Pyrénées-Atlantiques) restent minoritaires (Inférieurs à 10%).
  • Monoculture non favorable
    La présence de la monoculture de maïs sur le bassin Adour-Garonne ne favorise pas l’implantation de culture intermédiaire piège à nitrates (CIPAN) constituée de plantes à croissance rapide destinées à protéger les parcelles. (Directive Nitrates.)
Remarque: La dégradation ou l’amélioration des concentrations en nitrates dans le milieu doit être relativisée en fonction des conditions hydrologiques des années considérées.
 

Qualité de l’eau potable

Les communes sont responsables du traitement et de la distribution d’eau potable distribuée dans le bassin de l’Adour, elle est généralement de bonne qualité. Les normes françaises actuelles de potabilité sont conformes à la directive européenne et sont pour certaines contaminations plus sévères que les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé.
  • Qualité bactériologique :
    La norme est l’absence totale de germes parasites ou pathogènes qui peuvent provoquer des maladies. La plupart des réseaux importants ne présentent pas de problèmes de qualité bactériologique, par contre des petits réseaux de montagne ont des difficultés à maintenir cette norme.
  • Contaminations par les pesticides :
    Les pesticides ou produits phytosanitaires (protection des végétaux contre les organismes nuisibles, les espèces végétales ou animales indésirables...) se retrouvent dans les eaux par lessivage des pluies. La norme française actuelle, conforme à la norme européenne, est beaucoup plus sévère que les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé.
  • Assainissement domestique :
    La commune est responsable de l’assainissement et met en œuvre un schéma directeur d’assainissement définissant le type d’assainissement à développer avec la mise en place d’un Service Public d’Assainissement Non Collectif (SPANC) pour assurer le contrôle du bon fonctionnement des installations privées et la définition des zones d’agglomération par le Préfet, correspondant à un assainissement intercommunal.
  • Assainissement collectif :
    La France compte environ 5 millions de logements disposant d'un système d'assainissement non collectif dont 80% seraient défectueux ou mal entretenus, et près de 600 000 logements rejettent leurs eaux usées directement dans la nature.
    Le diagnostic "assainissement" défini par la loi sur l'eau et le Grenelle II porte sur le contrôle des installations d'assainissement non collectif. À cela s'ajoute le diagnostic séparatif de réseaux (eaux usées/eaux pluviales) souvent impôsé par les mairies. Ces contrôles suivis de travaux obligatoires amélioreront progressivement la situation de l'assainissement.
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